Sem du 23 mai au 1er juin

Il régnait une certaine excitation à bord de Jonathan ce lundi 23 mai à 3h50 du matin
en passant la passe ouest de la rade de Cherbourg, cap à l’ouest, cap direct vers les Scilly. 190
miles, c’est pas la mer à boire mais quand même…Les prises de quart toutes les 2 heures
ponctuent la progression ; déjà la Hague et Aurigny sont derrière. Tiens, le vent se renforce et
bien sûr pratiquement contre nous, la mer se creuse un peu, cela devient bien inconfortable.
Le défilé des cargos sur les rails montant et descendant est traversé ; c’est impressionnant de
se mesurer à ces gros navires qui, bien que donnant l’impression d’être immobiles avancent à
grande vitesse.

Midi, les rafales atteignent régulièrement 30 noeuds et jusqu’à 40 nd. Ca tape fort,
Yannick parcourt l’espace du sol au plafond dans la couchette avant. Tout le monde est bien
barbouillé, sauf Bruno, stoïque à sa place de navigateur. L’eau s’invite à bord et la table à
cartes est évacuée ; il ne faut pas oublier de fermer les aérateurs ronds…

Début d’après-midi, une sage décision est prise : faire escale sur la côte de Cornouaille
et voir l’évolution de la météo pour poursuivre. Salcombe est donc notre nouvelle destination
que nous atteignons vers 18 heures.

 

 Au mouillage, dans cet excellent abri, verdoyant et calme, nous sommes juste
dérangés par le bêlement des nombreux moutons sur les collines proches.

 

Le lendemain, nous dénichons un atelier mécanique très pittoresque et arrivons à faire
usiner un axe des wc, cassé la veille. Remontage et en route pour Plymouth non sans regret
car la petite ville est charmante, les gens accueillants à l’image du très british capitaine du
port.

A Plymouth, nous occupons une des dernières places disponibles et profitons de la
réparatrice marina, comme les anglais savent les faire.

C’est jour de servitude pour Dédé qui nous prépare le repas sous la haute autorité de Bruno.

 

Nous sommes le 25 mai et nous prenons la décision d’abandonner les Scilly. La météo
trop forte et des témoignages d’équipages qui en reviennent nous confortent dans ce choix.

Nous continuerons malgré tout le plus loin possible vers l’ouest pour revenir vers l’est par les
étapes les plus remarquables.

Ce qui commence comme une bonne navigation, se termine dans l’après-midi par
froid, pluie, rafales et l’arrivée dans la rivière Helford est bienvenue. Encore un excellent abri
et le village d’Helford est très joli avec ses multiples cottages où il doit faire bon vivre. Le
plus dur, c’est d’attendre 18 heures (heure anglaise) pour l’ouverture du pub ; mais que la
bière est bonne…

Maintenant, c’est le retour vers l’est. Une petite navigation agitée nous amène à
Falmouth.

Dans la marina choisie car proche de la ville, une place à couple nous attend sous de bonnes
rafales.

 

Falmouth, qui me semble l’équivalent de Fécamp est une ville vivante et animée,
abritant le musée des Cornouailles. Le quartier des restaurants et des pubs est comme par
hasard proche de notre marina.

 

Je ne citerai personnes mais il y en a qui ont choisi des portions XXL et même ont
terminé les frites des autres….

Une bonne pinte de bière dans un pub proche et au lit… Cette nuit là les couchettes ronflèrent
encore plus que d’habitude.

 Le lendemain 27 mai, belle nav. Jusqu’à Mevagissey, petite ville très touristique, un
peu notre Barfleur, mais avec beaucoup plus de monde.

 

Apéro, repas, visite de la ville et de l’aquarium, accessible librement, bref une bonne
étape.

 

Même que Yannick a trouvé le bateau de ses rêves..

 

Un seul maquereau daignera mordre à l’hameçon cet après-midi. Sa tête servira
d’appât dans le casier que nous mouillons à l’entrée du minuscule port de Polpero/

 

Il faut viser juste pour passer la porte (il ne doit rester qu’un mètre de chaque coté du
bateau). Une fois dans le port, c’est le dépaysement assuré.

 

Pratiquement pas de voitures car les rues ne sont pas assez larges, c’est le grand calme

Bien entendu, nous visitons ce lieu charmant, sans oublier de vérifier la qualité des bières
dans un des pubs ouvert.

De retour au bateau, surprise il n’y a plus d’eau dans le port et Jonathan présente une petite
gîte mais qui ne gênera pas beaucoup

 

 

C’est à marée montante mais sans beaucoup d’eau que nous sortons récupérer notre
casier. Un tourteau et 3 étrilles sont dans la nasse et serviront à l’apéro ce soir.

Cap à l’est, la mer est dure mais le vent arrière est une allure plus confortable.

No water, no water nous crie un pécheur devant l’entrée du port de Looe. Qu’à cela ne tienne,
nous mouillerons sur la plage de sable le temps du déjeuner.

C’est par force 5 puis 6 avec des creux de 2 mètres que nous embouchons la rivière
Yealm peu après le travers de Plymouth.

Cette rivière, nous la remontons au plus haut et faisons demi-tour pour en ressortir, toujours
cap à l’est.

 Le GPS portable de Louis-Paul est une aide précieuse dans ces eaux peu profondes et
sans balisage sérieux.

 

Le vent est toujours là et sous cette allure portante Jonathan file ses 8 noeuds, si bien
qu’au travers de Salcombe, nous décidons de continuer jusqu’à Dartmouth.

C’est une ville importante construite sur la rive droite de la rivière Dart. Il y a une
école navale sur les hauteurs de la ville. En face, c’est Kingswear où nous attend la seule
place visiteur pour la soirée et nous serons même assistés pour notre demi-tour et l’appontage
par le zodiac de la capitainerie ; ça, c’est de l’accueil…

 

 Pour joindre les deux rives, il existe différents modes de transport : des bateaux pour
piétons, des bacs pour les voitures dont un se tractant et se guidant avec des câbles, et ça
n’arrête pas…

Nous sommes aujourd’hui dimanche et faisons quelques courses (eh oui, c’est ouvert,
il y a beaucoup de touristes), réparons la voile et nous partons remonter la rivière Dart.

Elle est très belle cette rivière, tantôt large, tantôt étroite et sinueuse mais sans
beaucoup d’eau et sans trop de balisage.

Jean-Jacques est aux anges, nous sommes les seuls à remonter aussi loin et la marée
commence à descendre. La tension devient palpable auprès de certains équipiers…

 

 

Des vignes sur les bords de la Dart, mais nous ne savons pas si du vin est produit ici.

La température n’est pas très élevée, la campagne est bien verte, l’arrosage naturel semble
fréquent par ici…

Enfin près du plus haut de la rivière, demi-tour est effectué et tout le monde est rassuré de ne
pas rester enlisé jusqu’à la prochaine marée.

  

De retour à Dartmouth, bien sûr notre place est occupée et c’est sur le ponton des
ferrys, inactifs à cette heure que nous passerons la nuit.

 

Nous sommes le lundi 30 mai, il est 6 heures 30, peu de vent, peu de mer mais plafond
très bas pour notre sortie de la rivière Dart, cap direct Guernesey.

Ensuite, la pluie s’invite et la visi tombe à 0. Tout ça sous vent arrière, assez
inconfortable à tenir pour l’homme de barre.

 

Quelques heures plus tard, c’est dans le brouillard qu’il faut traverser les rails montant
et descendant des cargos. Heureusement le radar du bord est opérationnel et son petit écran
remplace nos yeux aveugles. Petite tension à bord…

Enfin la visi redevient normale en vue des côtes de Guernesey, mais cette fois, c’est le courant
qui se met de la partie contre nous. Toutes voiles et moteur à 1800 t/mn, notre vitesse sol n’est
que de 1 noeud. L’arrivée à Victoria Marine nous a semblé bien longue.

 

Pour vous donner une idée de l’état de l’équipage eh bien tout le monde est resté à
bord de Jonathan cette soirée-là; les célèbres pubs de Saint Peter Port, pourtant proches du
bateau attendrons notre prochaine visite. Un équipage à 90% de retraités, c’est plus comme
avant…

Heureusement, Dédé nous a fait son récital de chant repris en choeur par tout le monde
avec enthousiasme.

Nous sommes le 31 mai, c’est mon anniversaire, cela fait 3 jours que mes bons
copains célèbrent cet évènement mais aujourd’hui, Gilles a mis les petits plats dans les grands
pour nous servir le gâteau ; il ne manquait juste que les bougies.

 

Et c’est dernier jour de servitude pour Dédé … Que du bonheur…

 

Départ matinal de St Peter Port pour Sercq. Bien qu’un peu fraîche, la météo est
superbe. L’état du ciel et de la mer nous inciterait bien à repartir vers le large.

Jean-Jacques nous concocte une partie de pêche dans l’étroit passage entre Sercq et
Brecqhou mais même après plusieurs allers et retours, à travers les courants, nous ne
prendrons que quelques maquereaux ; les bars et les lieus avaient dû nous voir venir et pris
soin de nous éviter.

 

 

Tout près des roches et des grottes de la baie de Dixcart, côté est de l’ile, le dernier
mouillage de notre périple nous a permis de déjeuner avant la dernière navigation vers
Carteret, autant dire une formalité vite expédiée vue la météo idéale.

 

Si je vous dis que la recherche d’un boulanger ouvert à Carteret et Barneville fut notre
préoccupation en arrivant, cela vous semblera bien anecdotique mais pourtant cela nous a bien
occupé.

 Dernière toilette de Jonathan, avec s’il vous plaît passage au Mirror de tous les cuivres
du bord, y compris la célèbre cloche à apéros…

 

Notre but, les iles Scilly n’a pas été atteint, mais nous avons été prudents, sans
chercher de risques inutiles Nous avons découvert une partie des côtes sud-ouest de
l’Angleterre qui vaut vraiment le détour, des petits coins très jolis, des gens charmants, tout
cela en formant pendant 9 jours un équipage uni, pour qui l’amitié n’est pas un vain mot.

Foi de Tamalous, nous recommencerons…

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

Commentaires

  • Fanfan
    • 1. Fanfan Le 16/06/2011
    Bravo Jean,
    Je ne te connaissais pas de tels talents d'écrivain, super ton compte-rendu.
    Donc chouette comme nous partons ensemble la samaine prochaine, je sais qui feras le compre-rendu............
    Fanfan
  • Bruno
    • 2. Bruno Le 16/06/2011
    Merci beaucoup Jean pour ce sujet qui mérite une très belle note pour le bac aujourd'hui.

    bruno

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