Navigation du we du 30 septembre et 1er octobre / JJ. Boudy

Vendredi 29 septembre

Nous avons rendez-vous entre 18 et 20h au port de plaisance de Ouistreham ponton B. J’arrive un peu en avance, le bateau est au ponton d’attente en vue du passage de l’écluse. C’est là que je vais monter à bord, retrouver avec plaisir Jean-Jacques le skipper. Rémi le second arrive vers 20h, suivis un peu plus tard de Pascal, Carole et son compagnon Franck. Le dîner bien que tardif est joyeux. Pour moi, qui ne connaît à bord que Jean-Jacques, cette ambiance me met à l’aise, et vers minuit je glisse dans mon sac de couchage douillet avec bonheur.

Samedi 30 septembre

Nous levons l’ancre à 9h pour être en position  de départ à l’ouverture des portes de l’écluse. Nous franchissons le chenal,  la météo s’annonce bonne.  Jean-Jacques met le cap sur Honfleur,  la mer est calme et le vent  faible, les chevaux du moteur aide  le vent dans la grand voile à faire route.  Nous pouvons deviner les stations de Dives, Cabourg, Houlgate , Villers et sa falaise des Vaches Noires réputées pour ses fossiles. Nous nous éloignons de la côte pour rejoindre au plus court le port de Honfleur. Quand nous  nous positionnons en attente à l’écluse,  c’est l’affluence. Nous avons la chance de pouvoir  nous amarrer au Marie-Fernand du Havre, un cotre pilote de 15m, construit en 1894 et restauré par  des fondus de vieux gréements. Ceux-ci avec qui la conversation s’est engagée nous indique fièrement que le Marie-Fernand est désormais classé Monument historique. 

Puis c’est l’entrée  grandiose dans le vieux bassin d’Honfleur, une chance que de vivre cela ! Double chance même puisque ce week-end là, a lieu la fête à la crevette, et que pour l’occasion, de nombreux navires sont  rassemblés. Jonathan va alors se mettre à couple avec deux vieux gréements. Pour entrer dans la fête, Jean-Jacques  hisse au sommet du mât le drapeau normand et le pavois. Nous profitons des animations : défilé  d’embarcations avec équipage de musiciens et  de gens en costumes normands, baptême de bateaux.

Vers 17h 30 nous partons sur les quais où se tiennent de nombreux camelots, mais notre objectif est précis, trouver moules et crevettes pour cuisiner une paëlla améliorée. Nous ramenons aussi des harengs fumés achetés  sur un stand néerlandais. Le plaisir de la vie à bord,  passe aussi par la convivialité, faite de dégustations de bonnes choses trouvées ici ou là, ou ramenés à bord par un équipier ou une équipière , comme les rillettes maison laissées par Christiane ,les champignons apportés par Carole et épluchés à bord. Ce soir-là Jean-Jacques dira «  On n’a encore pas mouru de faim ».

Dimanche 1^er octobre

A 8h30 précises, nous passons l’écluse du vieux bassin. Nous sommes les seuls à sortir, le port de Honfleur est encore endormi après les festivités de la veille. Les marins hissent les voiles, et nous sortons d’Honfleur en empruntant la passe des pêcheurs car la hauteur d’eau le permet. C’est quand même un peu délicat, sur l’écran nous lisons une hauteur d’eau qui diminue de plus en plus pour descendre jusqu’à 1m. Il faut vraiment bien connaître cette passe, comme c’est le cas de Jean-Jacques, pour se risquer à l’emprunter. Dépassé Honfleur, le vent  du sud-ouest ne tarde pas à se lever, et je découvre alors  la complexité d’une bonne navigation. Les marins jouent avec grand voile et génois, j’enrichis mon vocabulaire maritime en comprenant ce que c’est que border, lofer et affaler. Rémi est un excellent second, il a lui-même sillonné les côtes africaines pendant deux ans. Franck est  à la barre avec grande efficacité. Le bateau gîte, et je n’ai « même pas peur ». Nous profitons du paysage qui s’offre à nous, une côte  vallonnée et verdoyante, où sont nichés Villerville, Trouville sur mer, pour finir à Deauville. Ensuite nous  nous éloignons de la côte pour mettre cap sur Ouistreham. A midi cinq, Carole nous prépare comme la veille de délicieuses tartines aux rillettes et Rémi  nous sert un ti-punch bien dosé. Nous trinquons à Jonathan, et à la vie de l’association. C’est pour moi un joli moment de camaraderie, et j’oserai dire de belle humanité ! Nous déjeunons au ponton d’attente de Ouistreham, puis c’est l’heure du rangement  complet du bateau. En effet, Jonathan vient de faire sa dernière croisière de la saison 2017 , et passera l’hiver au ponton B de Ouistreham. Avant les adieux, nous avons le privilège de discuter avec la navigatrice Claire Pruvot   qui avec son bateau classe 40 nommé Calvados, est arrivée  à la 6^ème place du Normandy channel race de mai-juin dernier. Participer à une croisière sur le Jonathan, c’est aussi aller à la rencontre de gens amoureux de la mer et des bateaux. Et cà j’adore !